vendredi 5 octobre 2012

Tonight we are young! (3)

Voir épisodes précédents.

[...]

Tout en essayant de ne pas nous pisser nous faire dessus, nous avons retourné tout le camp à la recherche de bouffe - oui, car la Grenadine, ça creuse. Nous avons finalement trouvé, entre deux des zombies hantant notre tente, un vieux packet de tartelettes - sur lequel nous aurions craché en temps normal.

J'ai ensuite eu droit à une pseudo leçon de psychologie d'une amie complètement bourrée, qui marmonnait des propos incompréhensibles.

[ Vous savez, les trucs complètement débiles qu'on peut dire la nuit...! ]

A 5h30 du mat', on était tous dans la tente, criant, riant, clopant, bref, profitan délà vida, quoi. Quand, soudain, nous avons entendu une voix grave, mais très grave, genre le mec trop balèze qui casse la gueule à tous ceux qui l'font chier.

TAIS TOI.

Au début, on n'a pas trop compris. Quoi, tais toi?! C'est à nous qu'tu parles?! Ça nous a bien fait marrer, au début. Puis nous avons vu une ombre se profiler sur la toile d'la tente.

TAIS TOI J'AI DIT.

Et là, on a commencé à flipper. Qui était le psychopathe qui nous causait?! Il se mit à longer la tente en faisant des pas lents, et en faisant bien craquer les brindilles sous ses pieds pour nous faire flipper.

YO VAZI TU SORS DE LÀ QU'ON PARLE.

On s'est tous tus. On pensait tous à la même chose. Quand on voit ça aux infos, on réalise pas vraiment. Mais là, ça nous tombait dessus, comme ça. On allait tous mourir, trucidés par un malade mental lâché dans la nature, qui nous découperait vivant avec un couteau suisse avant de nous manger et de jeter nos restes dans la mer. Ouais, on flippait grave.

Oh putain... a fait un pote.

Il n'aurait pas dû parler.

VAZI TOI LÀ QUI PARLE J'T'AI DIT TAIS TOI VAZY SORS DE LÀ ON VA S'EXPLIQUER.

Il nous jeta un regard affolé, et après quelques instants, on le poussa en sacrifice hors de la tente il sortit courageusement dehors.
Je pensais qu'il rentrerait avec un grand sourire, en disant Hé, les gens! C'était juste un passant qui veut qu'on s'la ferme alors on va juste la fermer le temps qu'il rentre chez lui, et voilà!
Et ben non.
Il rentra brusquement, ferma la tente derrière lui, et empila des bagages pour bloquer l'entrée.

C'est un malade, chuchota-t-il. Il a une cape noire, j'ai pas vu qui c'était, mais il a le crâne rasé, genre militaire et tout. Putain il veut qu'on s'la ferme ou sinon...

Il ne finit pas sa phrase.



OH MY FUCKING GOOD.

On hésitait tous entre le rire et les larmes.
Finalement, on se tut quelques instants – même avec une menace de mort, vous pouvez pas faire taire 15 ados, qui ont bu, et qui savent qu'ils passent leurs dernières heures ensemble.
Et le malade disparu. On écoutait tous ses pas, et, quand le silence fut revenu, on respira à nouveau.

Soudain, nous avons entendu des grésillements. Un peu comme un bourdonnement, comme les cigales qui nous cassaient les tympans toute la journée, sauf que ça venait de tout près.
Quelqu'un a allumé sa lampe de poche, et une fille a crié. Il y avait un énorme grillon, juste à côté de nous, sur la toile de la tente. Nous nous sommes tous écartés en criant en bougonnant.
Quelqu'un a lancé une tong, mais ça a foiré.
Soudain, un mec a débarqué dans la tente.

Nonmaislesgensysepassequoij'aientendudescrisc'estla teufouquoi? a-t-il dit d'une voix mal assurée.

D'après sa voix et son pétard entre les doigts, il était complètement shooté.
Je lui ai montré la bête du doigt. Il HURLA. Pas un p'tit cri, mais comme une fillette tu vois, genre voix-super-aigüe-qui-fais-plus-mal-aux-tympans-qu'un-crissement-de-craie-sur-un-vieux-tableau.

Il sauta dans les bras du grand type qui avait tremblé devant qui avait affronté le malade à la cape, lequel s'écroula par terre. J'ai éclaté de rire.

Coéquipierviensmechercher! criait le shooté. Expéditionafoirévientmesauver!

Et oui, il parlait tout seul.
Puis, nous sommes sortis de la tente. Il faisait encore nuit, mais le ciel n'était plus noir, mais d'un bleu très foncé. Nous avons marché dans le camp endormi (enfin, y'avait que les anims' et les cadavres de notre tente qui dormaient, hein!) jusqu'aux hamacs.

Des gens dormaient dans les chaises longues, d'autres par terre, d'autres sur le toit des tentes. Comme si un ouragan était passé par là, dispersant tout le monde un peu partout.

Nous étions les survivants.

Le soleil se levait. C'était beau et triste à la fois, un peu comme la de chèvre de M. Seguin qui fait la teuf toute la nuit et se fait manger au matin.


Ben nous, c'était un peu pareil.
Le loup, c'était l'avion,
les départs,
la fin...

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